Sortir du chaos : quand la France passera de la 3è division à la 1ère inclusion

Les observateurs du monde politique s’accordent au moins sur un point : la France est aujourd’hui rendue ingouvernable par l’éclatement de la population en 3 blocs sociopolitiques distincts et irréconciliables.

Au centre se situe le camp présidentiel, celui du monde des affaires (entrepreneurs, cadres et dirigeants), du marché sans frontière, de la finance internationale et des retraités. Ce premier bloc réunit les tenants de l’ordre et de la réforme orientée, pour que leurs intérêts propres soient maintenus et conservés "quoi qu'il en coûte", faire en sorte que tout bouge pour que rien ne bouge. Certains journalistes amateurs de raccourcis ont appelé ce camp : « la France qui va bien ». Renvoyant essentiellement à la matérialité, la tradition taoïste leur attribuerait volontiers le Plan de la Terre et la couleur noire (Taï Yin) que l’on associe également à la couleur bleue, comme dans le drapeau coréen par exemple.

Emmanuel Macron a modifié en juillet 2020 la couleur bleue du drapeau français, passée du Bleu cobalt au Bleu Marine, plus sombre que l'initial. En terme de valeurs, ce premier ensemble renvoie aux tonalités énergétiques du Métal (qui tranche) et de la Terre (qui réfléchit, qui doit nourrir tout le monde, qui accueille tout "en même temps" et qui prend la réalité comme elle est). On pourrait intituler ce premier ensemble de bloc "affairo-matérialiste".

Le deuxième bloc est formé par la gauche composite (modérée ou extrême) qui s’appuie sur les jeunes, la population issue de l’immigration sans oublier certains fonctionnaires et le monde de la culture. Souvent brouillon dans ses approches et ses attentes, il se retrouve cependant autour des valeurs de la solidarité et de ce qui rassemble, la France et le reste du monde (partisan des mouvements migratoires et de la suppression des frontières, citoyen du monde), les humains et le vivant (écologie…). Globalement progressiste, oblomoviste et un peu « hors sol », les mouvances de ce bloc partagent une relation distanciée au travail et laissent facilement à d’autres, le soin de subvenir à leurs besoins (aides…). La tradition taoïste associerait volontiers cet ensemble au plan de l’Homme (la relation, l’émotionnel, les passions…) et à la couleur rouge qui est celle du Cœur. Les tonalités énergétiques dominantes de ce groupe constitué sont celle du Bois (la colère, la contestation, l’imagination, la jeunesse, l'inconstance) et celle de l’Eau (la préservation de la vie, la peur et l’écoanxiété). On pourrait appeler ce bloc celui des "révolutionnaires bohèmes".

Le troisième ensemble sociologique est celui de la droite souverainiste, attachée à ses valeurs conservatrices, à son sol, à son histoire et à sa culture. « Peuple de France », il est celui qui se lève tôt et qui ne fait pas partie des nantis ou des élites. Il voit ses conditions d'existence se dégrader depuis des décennies et vit dans la nostalgie du temps d’avant, cherchant à maintenir ce qui peut l’être encore (les retraites, la sécurité, le lien, la famille, les traditions, l'histoire, la liberté de décider pour soi…). Le Plan taoïste associé est celui de la grandeur et de l’idéal de l’Unité (nationale), il est celui du Plan du Ciel dont la couleur associée est celle du Blanc immaculé. Les valeurs qui lui correspondent sont celles du Feu (le sens, l’esprit civilisationnel) et de la flamme, bien présente sur les emblèmes du Rassemblement National. Particulièrement incandescent, le Feu dont on parle ici est de couleur blanche et réunit ceux que l’on pourrait appeler des "conservateurs souverainistes".

Chacun de ces blocs représente environ 1/3 de la population française et porte un souverain mépris à ce qui n’est pas lui.

Une fois les blocs posés, il devient alors frappant de les voir reformer les 3 nouveaux ordres de la société française de ce début de 21è siècle : un bloc Bleu pour les marcheurs macronistes, un bloc Blanc pour les conservateurs souverainistes (finalement assez proche du blanc monarchique) et un bloc Rouge pour les révolutionnaires bohèmes, rappelant au passage qu'il porte le sang versé par les révolutionnaires de 1789. A les apposer, on retrouve avec une facilité déconcertante la structure du drapeau national, à la différence près que ce qui réunissait hier les 3 couleurs, devient aujourd’hui ce qui les divise irréductiblement.

Dans cet esprit et de manière troublante, la couleur bleue (presque noire du plan de la Terre) est logiquement reprise par le parti « Renaissance » fondé par E. Macon :

Le blanc (et la flamme) de son côté domine dans le logo du "Rassemblement National" :

Le rouge enfin l'emporte dans les formations politiques de gauche :

sans oublier naturellement les Verts qui portent la couleur du Bois dont on a parlé plus haut. Point d'importance, le vert et le rouge fonctionnent de conserve car le vert est le jeune rouge comme la pomme, la cerise, la fraise ou la tomate qui sont rouges en leur amorce. Le rouge est la maturité du vert. Le vert et le rouge sont les 2 seules couleurs Yang de la tradition taoïste et travaillent ensemble. Ce faisant, le vert est l'enfant du rouge et le rouge est l'adulte du vert.

Au passage, cette analyse chromatique rapide met en évidence que le parti "Reconquête" d'Eric Zemmour a souhaité reproduire le drapeau national en optant simultanément pour le Bleu, le Blanc et le Rouge. En refusant de se positionner sur l'échiquier politique et à vouloir embrasser le tout (le message de l'union nationale), sa formation politique a pris le risque confirmé par les urnes, de ne convaincre personne.

Cette saisissante analogie des couleurs se retrouve également dans la reproduction de la devise républicaine : la liberté (d’entreprendre, de faire circuler les biens et les personnes) pour le camp macroniste, l’égalité pour le camp des conservateurs souverainistes (devant la loi, entre les grands et les petits…) et la fraternité pour le dernier camp des révolutionnaires bohèmes. Robespierre a bien fait les choses.

Plus loin des hommes, il est également intéressant de noter que les 3 couleurs de la France sont celles qui se retrouvent dans le Ciel avec le Bleu de l’espace, le Blanc des nuages et le feu Rouge du soleil. La couleur verte (propre à la Terre) par exemple, n’est pas présente dans la voûte céleste en dehors de l’apparition fugace des arcs-en-ciel qui les contient toutes. La représentation de la France apparaît ainsi d'essence céleste au sens de l'énergétique taoïste et renvoie probablement dans l'inconscient collectif à ses valeurs universalistes.

Plus près des hommes, l’alchimie taoïste identifie trois centres énergétiques dans le corps humain : 1) un centre au niveau de l’abdomen (Xia DanTian, QiHaï) et associé aux Reins, à la matière et au corps physique ainsi qu'à la couleur Noire ou Bleu marine, 2) un centre au milieu de la poitrine (Zhong DanTian, Shan Zhong) associé aux émotions, à la relation aux autres et à la couleur rouge, puis 3) un centre situé au centre de la boîte crânienne (Shang DanTian, Yin Tang) associé au Ciel, à l’Unité, à l’esprit ainsi qu’à la couleur blanche. Ceci posé, il est aisé de localiser de manière homothétique les 3 agrégats politiques dans le corps humain, qui pourrait s'entendre ici comme notre « corps social » :

Précisément, la santé de notre corps social n'est pas bonne, comme d'ailleurs dans la plupart des démocraties du monde. E. Macron est le président d’un seul 1/3 de la France et méprisé par les deux autres. Pour sourire, on pourrait dire qu'il s'attarde sur son nombril (le 1er centre énergétique) en oubliant le coeur et la tête. La conflictualité ne cesse de grandir et jamais le pays n’a été aussi fracturé, au gré des réformes (retraites) et des crises successives (sanitaire, économique, environnementale, géopolitique…). Là où la situation exigerait la concorde nationale et l"entente des 3 centres", l'exécutif ajoute une crise sociologique et d’identité. La personnalité du président passe mal, il parle fort dans l'espoir d'être entendu par les 2/3 de ceux qui ne l'écoutent plus et qui ne l'ont jamais élu.

Dans ce pays mosaïque et balkanisé, traversé par tant d’incompréhensions et d’intolérance réciproques, les analystes sont désarmés à proposer des solutions susceptibles de réunir les 3 centres, de recoudre les 3 rayures du drapeau, de passer de la 3è division à la première inclusion.

De l’histoire, de ce qui précède et de ce qu’on a pu traiter dans d’autres articles, seul le cercle permettrait de combiner l'ensemble pour sortir de ce monde tripolaire et juxtaposé, de ces dualités de système. Comme au sortir de la 2è guerre mondiale, il convient désormais de rassembler les trois rayures séparatives du drapeau pour en changer la forme et opter pour une vexillologie plus inclusive, de passer des rayures différenciatives au cercle et à l'engendrement réciproque, à l’image du Yin/Yang oriental.

Dans cet esprit, la proposition de drapeau ci-dessous pourrait porter la dynamique de la gouvernance unitaire future du pays :

On l’évoqué ailleurs, les rayures des drapeaux renvoient symboliquement à la séparation des communautés et des territoires, le cercle davantage à l’inclusion et à l’unité. Un visuel comme le « triskell » suggère la diversité dans l’unité, l'efflorescence depuis un point central et pivot, la complémentarité plutôt que la confrontation, un « Trois » qui rejoindrait le « Un », une illustration du mariage apaisé et esthétique des trois plans de la Terre, de l’Homme et du Ciel.

De manière concrète, cette révolution copernicienne de la gouvernance du pays pourrait déboucher sur les orientations suivantes :

• Très difficile sans doute, trouver une personnalité consensuelle, apaisante et pivot, capable de créer une passerelle et un lien entre les 3 blocs, de créer la circulation de l'énergie entre les 3 centres énergétiques du pays. Nelson Mandela, Charle de Gaulle ou Vaclav Havel en leur temps, ont pu jouer ce rôle.
• Modifier notre drapeau et opter pour une représentation circulaire.
• Réfléchir à la singularité de la France et de ce qu'elle peut apporter au monde (la liberté, le french touch et le génie créatif, l'universalisme, l'"esprit français", la francophonie, la gastronomie et un certain "art de vivre"...) et fédérer les 3 socioblocs autour de cette représentation topoculturelle.
• Identifier les points communs à l’ensemble des formations politiques, dans les intentions, les objectifs et les mises en œuvre et de nature à équilibrer les 3 plans de la matérialité (l'économie...), du vivant (le social et la solidarité, l'écologie, l'éducation...) et de l'unité (identité, culture...). Mettre en œuvre les pistes identifiées. Le Programme du Conseil National de la Résistance (CNR) de 1944 s'inspire de cette action de consensus et de relèvement du pays.
• Indépendamment des partis, identifier les 10 ou 15 mesures à même de fédérer une large majorité de Français en matière de fiscalité, de retraites, d’immigration, d’éducation… après les avoir dûment informés. Créer un gouvernement d’union nationale transpartisan et d’ouverture pour les mettre en œuvre.
• Recourir aux CivicTech pour consulter régulièrement la population. A défaut de personnalité providentielle, le pivot pourrait être occupé par la majorité des citoyens.
• Généraliser dans le même esprit le recours au référendum en s'inspirant des votations helvétiques et recourir de manière plus systématique au Référendum d'Initiative Partagée (RIP). Ces dispositifs de démocratie directe permettraient d'arbitrer en cas de désaccord entre les 3 sensibilités politiques mais surtout de ré-oxygéner le fonctionnement de nos démocraties fatiguées, qui se reconnaissent de moins en moins dans leurs représentants parlementaires et qui n'acceptent plus l'idée du chèque en blanc durant toute la durée du quinquennat.

Pour gagner en sagesse et en hauteur de vue, on peut également tenter de :

• Créer un Conseil consultatif transpartisan réunissant, intellectuels, chercheurs, penseurs, historiens, diplomates... pour conseiller et éclairer les gouvernants.
• Noter les dirigeants (politiques, économiques…) une fois par an au regard des progrès réalisés sur les indicateurs clés et objectifs de préservation du vivant et de notre espèce (bonheur perçu, biodiversité...), les rémunérer pour partie sur la base de ces indicateurs clés.
• Communiquer sur le positif, les actions qui marchent, les innovations.
• Financer les jeunes pousses (start up) pour les conserver sur le territoire.
• Mettre un arbre ou une plante verte symbolique dans les salles de réunion de chaque ministère et l’interroger pour recueillir l’avis des « parties prenantes silencieuses » : faune, flore, biotopes, générations à venir, beauté des paysages.
• Créer un Conseil international des peuples racines/autochtones afin d'éclairer et conseiller les dirigeants du monde. Les réunir dans une « wise room » en lieu et place des classiques « war room ».
• Etc.

Comme le suggère le visuel des 3 centres du corps humain présenté plus haut, la santé du corps social a besoin de mettre en relation chacune des composantes politiques de notre société. Un médecin politique et taoïste pourrait dire que l’énergie doit circuler entre les 3 centres du corps social sous peine d'entrainer l'affaiblissement de l’ensemble de l’organisme. Il est ainsi essentiel d’identifier ce qui nous relie et nous fait commun, retrouver notre axe central que l’on appelle dans la tradition l’"axe de lumière" ou du TaïJi.

Comme on l’a écrit ailleurs, la société unitaire et d'harmonie que l'on appelle de nos voeux pourra s'appuyer sur les 5 derniers murs porteurs de nos sociétés pathogènes et que l'on pourrait appeler ici les 5 puissances :

1. La puissance de la nature en ce qu’elle était AVANT l’émergence du monde industriel, à entendre comme un Tout (l’Humain EST la nature) et non comme une juxtaposition,
2. La puissance des communautés d’appartenance (culturelles, sportives, religieuses...) en insistant sur leur ouverture aux autres communautés,
3. La puissance de la famille (conjugal, parental) qui est très abîmée mais à laquelle les jeunes restent encore très attachés (mémoire atavique),
4. La puissance des individus et des initiatives personnelles (innovateurs, créateurs, inspirateurs…) qui peuvent tracter le collectif,
5. La puissance spirituelle enfin qui sourd en chaque être humain et plus encore dans cette période de troubles et de chaos.

La société de demain réclame un niveau logique qui dépasse les intérêts partisans d'un seul bloc politique. A bon droit, les partisans de "la réalité du 3" pourraient vouloir demander à quoi pourrait bien ressembler la société d'harmonie et du "Un" à laquelle aspire si naïvement cet article. La réponse est pourtant d'une banalité affligeante et vous pouvez prendre quelques secondes pour répondre à la question, avant de lire les lignes qui suivent.

Pour passer du complexe au simple et du "3" au "Un', il n'y a rien de plus facile que de se poser la question suivante : que répondraient un chien, un arbre, un enfant, un extra-terrestre et l'amour à cette question ? Laissez-vous inspirer et les réponses viendront d'elles-mêmes, aussi facilement qu'une motte de terre qui s'égrène entre les doigts aurait pu dire Tchouang Tseu.

Volontairement éloigné des derniers journaux télévisés, cet article s’est écrit dans la douce rêverie des possibles. Rattrapé par l’actualité et la basse réalité du monde, il ne saurait vouloir à lui seul changer notre plan de réalité car en politique, « séparer c’est exister » et « s’opposer c’est amorcer la victoire ».

Ce texte n’est qu’un hymne au retour à l’Un, un cliché romantique et optimiste saisi depuis l'espace et les 3 couleurs du Ciel, l’expression cathartique d’un simple citoyen qui souhaite répondre à ceux qui, par manque d’imagination, par paresse ou par intérêt, affirment que la dualité frontale reste l’avenir du monde.

En l’espèce et en l'absence de réaction rapide, cette dualité risque de devenir la fin de la nôtre.

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Lecture intéressante sur la démocratie directe : "Crowdocracy", d'Alan Watkins, paru en 2016 (non traduit en français).