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12 sentiers pour retrouver son chemin de vie

Connaître son chemin de vie présente de multiples bienfaits. Véritable 4è instinct de notre espèce, il fonde notre quête ontologique et une bonne partie de notre raison d'être d'incarnation. Cet article présente 12 confluents possibles pour tenter d'approcher ce chemin d'existence qui se dérobe souvent à nos regards pressés.

· Développement perso

« L’homme imite la Terre ; la Terre imite le Ciel ; le Ciel imite le Tao ; le Tao imite sa propre nature »

(Tao Te King, 25)

Le 4è instinct de l'Homme

Comme nous y invite le chapitre 25 du Tao Te King, le passage par la Terre s’impose avant de rejoindre le Ciel. Ce passage sur le plan terrestre suggère, comme le cheval qui a 4 pattes ou le ver de terre de Tchouang Tseu, de connaître sa nature céleste, de connaître notre « fonction naturelle », le « ce-pour-quoi-nous-sommes-faits ». Cette quête est appelée dans la tradition « trouver son mandat céleste » (Tian Ming), expression un peu grandiloquente pour parler de « mission de vie » ou de simple sens à donner à son incarnation. Une mission de vie n’est pas un objectif car elle n’a pas de fin par définition, contrairement au fait d’avoir une maison, un métier sympa, des enfants et un toutou instagramé. Parce qu’on ne raisonne pas en termes d’objectif ou de destination, on préfèrera appeler cette notion le « Chemin de vie », le « ce-vers-quoi-nous allons » et qui est nous-même, en somme, le "ce-vers-quoi-nous-allons-en-nous-même". Le pèlerinage de l'existence nous invite à avancer dans un premier temps vers la nature terrestre de soi, sur le plan horizontal et personnel, puis horizontal et plus altruiste de l'autre ou de la nature pour recouvrer ultimement, de son vivant ou au terme de son incarnation, le plan céleste, vertical et sans forme. On a traité ailleurs cette question en faisant allusion à la voie de l’ego qui se raffinait progressivement dans le courant de sa vie, au travers des étapes successives de l’"ego réalisé" puis de l’"ego serviteur", prémices terrestres d’un "ego sublimé" devenu trop petit pour accueillir le grand Tout.

Cette recherche du sens de sa vie est logique et encapsulée au plus profond de nos cellules. Le succès du chemin de Saint Jacques (de Compostelle) en atteste, cette quête est un appel ontologique qui provient du petit matin du monde où ses dispositions naturelles déterminaient si on était cueilleur, chasseur, homme ou femme médecine, chamane, cuisinier, nourrice ou chef. Au vrai, cette quête téléologique est à considérer comme le 4è instinct de notre espèce (l’énergie de la vision du Bois) après la survie (l’énergie du Métal), la reproduction (l’énergie de l’Eau) et la grégarité (l’énergie de la Terre). Le 5è instinct pourrait être celui de la transcendance et de la spiritualité (l’énergie du Feu) puisque les neurosciences semblent démontrer que le cerveau humain est fait pour croire.

Les multiples bienfaits de connaître son chemin de vie

Cette variable du sens fonde l’une des 4 variables de l’équation du bonheur. Lorsque la personne trouve son chemin de vie, la joie s’installe en lui et il est dit qu’il rejoint alors le « Vouloir du Ciel » (Tian Zhi). On rejoint la sentence de Platon pour qui "le bonheur, c'est de réaliser sa forme". Lorsque le sens n’est plus une question et que la boussole a trouvé son nord, la peur recule et la confiance en soi s’installe, l’énergie monte dans les Reins et éloigne la maladie, régule les 7 fonctions psychiques (sommeil, volonté, mémoire, concentration, élocution, création/intuition, ouverture d’esprit). Lorsqu’on sait où mener les pas de son existence, son assertivité naturelle facilite l’ouverture et la relation aux autres. L’énergie abondante trouve sa forme et aide à faire ses choix, à gagner du temps, à ne plus se perdre dans le superflu, à ne plus se disperser, à ne plus subir les turbulences et le bruit du monde. Le sens de la vie n'est pas une lutte contre un système, c'est d'abord et avant tout, une réconciliation avec soi-même, une réorientation de son embarcation dans le courant de la rivière de sa vie, afin de ne plus gaspiller son énergie pour vivre plus longtemps, de manière efficace, naturelle et heureuse. Trouver sa voie c’est trouver son centre, trouver son centre est le début de son histoire véritable pour ne plus vivre dans le "centre des autres". On a tenté dans un essai (cf. bibliographie au bas de l’article), de représenter cette « géométrie du sens » de la manière suivante :

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et qui pourrait se résumer en synthèse par quelque chose comme ça (vu de dessus) :

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Sans détailler plus avant ces représentations spéculatives, on comprend que trouver son centre est le début de l’histoire, le "deuxième jour le plus important de votre vie" après celui de votre naissance comme le disait joliment Marc Twain, la naissance véritable à soi, une forme d'auto-accouchement. Trouver le sens est le début de l’histoire de sa vie et on a trouvé le sens lorsqu'il n'est plus une question.

Comme pour les arts martiaux cependant, l’obtention de la ceinture noire n’est pas un aboutissement, il est le début véritable de la voie, l’amorce du perfectionnement et de l’application. Une maison n’est pas construite lorsque la seule dalle des fondations est posée. Elle n'est que le début de la construction. Si un pommier se croit un cerisier, ses pommes auront toute sa vie la taille d'une cerise. Trouver sa nature véritable est le meilleur moyen de récolter et d'apporter au monde la quintessence de ce que l'on est, d'accomplir le don de soi. On le redit, le sens n'est pas à entendre comme une destination ou un but mais plutôt comme une orientation sur le cercle des possibles. Une fois la direction connue, peu importe le nombre de pas que vous engagerez (1 mètre, 100 mètres, 100 kilomètres) puisque le sextant marquera le bon angle. Parce qu'elle vous apporte la joie et quelle que soit votre allure, la vue est belle depuis le chemin de la montagne du sens, seule montagne entre toutes, à ne pas porter de drapeau.

Ce faisant, le mystère de la vie est un jeu plus difficile à jouer qu’une simple chasse au trésor car il est dit dans la tradition que trouver « la mission fait partie de la mission », que l’on devrait plus justement formuler de la manière suivante : « trouver le chemin fait partie du chemin ». Incarné à notre naissance avec l’implant de l’oubli, il nous faut en effet partir de plus loin que la case départ car nous n’avons pas de parchemin en main et que l’on ignore les règles du jeu auquel la vie nous invite à jouer.

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On ne part pas de rien...

Parce que la Création est réglo et pour qui sait le voir, nous ne partons cependant pas de rien puisque nous naissons avec quelques aptitudes et dons inscrits dans nos gènes, avec une personnalité et des traits de caractère, avec des idéaux et un bain culturel qui ne sont pas le fruit du hasard. Qualités ou défauts, ces attributs portent en eux leur jeu de contraintes et d'opportunités de la partie qui va se dérouler. Chacun de ces attributs joue son rôle et aucun n'est à bannir. Si Coluche a créé les « Restos du Cœur », c’est parce qu’il avait souffert de la faim étant petit. Churchill est devenu un immense homme d’État pour prouver à son père qu'il n'était pas un incapable. Leur enfance souffrante est-elle finalement un « mal » ou un « bien » ? A partir de son '"équation personnelle", il revient à chacun de se débrouiller en transformant ses points forts en points d'exception et en retournant ses points de fragilité en atouts. Certains sont doués et trouvent rapidement le kit de départ au fond de leur sac et connaissent très rapidement leur vocation. La nouvelle spationaute européenne Sophie Adenot savait par exemple à 5 ou 6 ans qu’elle voulait partir dans les étoiles. C’est la raison pour laquelle elle est devenue pilote d’hélicoptères et qu’elle a été sélectionnée parmi 22 000 candidats. Mal guidé par notre entourage ou par le système éducatif qui sont supposés nous révéler à nous-mêmes, la grande majorité d’entre nous n’a pas trouvé jeune ce chemin d’évidence. Il nous a fallu attendre les « faux-hasards » de la vie (rencontres, expériences heureuses ou malheureuses, crises) pour prendre conscience et nous mettre en route, trouver ou se rapprocher du gradient de la joie, sur les 360° du cercle du choix. Perché sur son buffle, le taoïste s'en amuse. Seul le réel et le présent existent et la Voie peut démarrer dans l'instant.

Lorsque la mission est là, l’esprit rendu muet par l’évidence se tait, le corps le ressent dans ses cellules par une vibration nouvelle. Tchouang Tseu pourrait dire de manière très rustique, que le bœuf a perdu l'anneau de son nez ou que le lombric se sait désormais lombric. Comment sait-on que l'on a trouvé son chemin de vie ? Comme en amour ou dans la Foi, lorsque la vie nous réjouit et que l'on ne se pose plus la question. Se pose-t-on la question de savoir pourquoi on aime nos enfants ?

Pour aider le marcheur de la vie (le sinogramme « Dao » ne représente-t-il pas un homme marchant résolument vers l’origine des choses ?), le présent article vise précisément à identifier quelques clés ou astuces permettant de faciliter l’orientation des pieds et d'initier le mouvement du premier pas. On distinguera les techniques ascendantes (de la Terre vers le Ciel) et conscientes des techniques descendantes (du Ciel vers la Terre) et recourant davantage à l’inconscient.

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6 techniques ascendantes (Terre/Ciel) pour trouver son « chemin de vie »

  1. Posez-vous la question du sens d’hier : avez-vous le souvenir de ce que vous vouliez faire enfant, de vos rêves d’alors ? Pour vous y aider, imaginez un dialogue virtuel avec le double de vous-même, petit et assis sur un canapé. Posez à cet enfant les questions de votre choix. Vous pouvez également prendre une photo de vous-même petit et laisser venir ce qu'il a à vous dire. Dans ce temps de questionnement du sens d'hier, vous pouvez également vous demander les activités ou les métiers vous avez préféré dans votre vie jusqu'à présent (conseiller, créer, aider, etc.) et tenter de les retrouver.
  2. Posez-vous la question du sens d’aujourd’hui : qu’est-ce qui fait que vous seriez heureux de vous lever le matin ? Pour quelle cause ? Pour quel genre de travail ou de mission ? Que serait pour vous une journée réussie ?
  3. Posez-vous la question du sens de demain : Pour l’Australienne Bronnie Ware qui a accompagné les mourants en fin de vie, les 3 regrets les plus fréquemment exprimés sont les suivants. J'aurais dû : 1) Faire ce que j’aimais faire et ce que j’étais vraiment, 2) Apprendre à aimer davantage et 3) M’engager dans une action ou une cause plus grande que moi. Sur ce dernier point, posez-vous la question : qu’aimeriez-vous, sur votre lit de mort, avoir réalisé, dit, changé en vous mais surtout autour de vous avant de partir pour le grand voyage ? De quoi aimeriez-vous être fier ou simplement heureux en vous disant : « je l’ai fait » ou « c’est bien » en réponse à une forme d’appel intime, vital, évident et joyeux ? Avez-vous un rêve que vous auriez aimé réaliser ? Une personne avec qui vous auriez aimé vous réconcilier ? En règle générale, le rêve concerne généralement les autres (le transpersonnel), des valeurs élevées ou des problématiques planétaires comme l’environnement (océans, faune, flore…), la paix dans le monde, la justice, la beauté, la spiritualité, etc. En termes d’outils, vous pouvez également vous poser la question de la triple utilité en utilisant la « maison du sens » suivante :
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De tous les chemins et sans chercher à "changer le monde" qui n'a pas besoin de nous pour changer, celui qui consiste à "apprendre à aimer" est déjà un très beau chemin de vie.

4. Posez-vous la question du sens d’après-demain : Que vous croyiez ou pas à la réincarnation, imaginez votre vie prochaine. Qu’aimeriez-vous y faire, y vivre, y apprendre, y devenir, y être ? Pour faciliter cette réflexion, vous pouvez vous aider de l’outil « persona » que vous trouverez facilement en ligne (Hubspot, BDM, Easybear, siteW...). Une fois que vous avez une vision approchante de cette vie future et idéalisée, tentez au mieux dès aujourd’hui de vous en rapprocher dans votre vie actuelle.

5. Trouvez vos dons. Vos dons vous sont précisément « donnés » pour que vous vous en serviez et pour vous apporter de la joie. Ils sont des guides et des fanaux sur la voie, des phares dans la nuit, des panneaux indicateurs sur votre chemin de vie. Avec le recul de l’expérience, nous prenons rétrospectivement conscience de la raison pour laquelle la vie nous a doté de ces dons-là. L’idée consiste ici à en prendre conscience le plus tôt possible et à utiliser le "kit" qui nous a été donné à notre naissance. Si vous êtes un jour perdu dans la forêt, vous utiliseriez probablement la boussole qui se trouve au fond de votre sac à dos. Il en est de même pour les dons qui constituent les boussoles de votre vie. Ces dons peuvent relever du registre du corps (sexualité, sport, capacités artistiques ou manuelles…), relationnel ou affectif (personnalités solaires, capacités à animer, à aimer…), psychique ou culturel (capacités mnémoniques, apprentissage des langues, capacités oratoires, résilience…), parapsychique (chance, protection, intuition, mediumnité…). Vous pouvez aussi mélanger vos talents (aptitudes plus répandues que les dons) et vos goûts pour en faire des exceptionnalités. Sortez absolument et dans tous les cas, de la croyance que vous n’avez pas de dons. Certains ont par exemple celui de la paresse ou du jeu ! Travaillez à deux pour sortir de l’habitacle de vous-même et profiter du regard de l’autre, intuitif ou conscient. Que disent les autres de vous ? Que perdraient les autres et le monde si vous n'existiez pas ?

6. Remontez à votre motivation intime et supérieure : Partez de ce qui vous rend joyeux, des activités que vous appréciez faire, des situations que vous préférez et posez-vous à 5 reprises la question suivante : « En quoi est-ce important pour moi ? ». Réalisez cet exercice à deux si cela vous est possible pour bénéficier du miroir de l'autre.

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6 techniques descendantes (Ciel/Terre) pour trouver son « chemin de vie »

7. Mettez à profit la période de pré-réveil en appelant doucement la question de votre chemin de vie et laissez venir les inspirations. Cette technique est décrite dans cet article. Ecrivez et interprétez vos rêves.

8. Essayez l’hypnose, prudence avec les psychotropes.

9. Pratiquez un sport d’endurance et faites doucement venir la question de votre chemin de vie. Cette technique a été détaillée dans cet article.

10. A l’aide d’un facilitateur compétent, allez vivre une Constellation Familiale en posant une problématique du type : « Je souhaiterais avoir des clés sur ma mission et mon chemin de vie ». Faites jouer votre « moi futur » et votre "enfant intérieur" en convoquant également des rôles comme l’"Intuition", mes "Dons", mes "Amis", la "Famille", la "Chance", la "Confiance" etc.

11. Soyez attentifs et ouverts aux signes et aux synchronicités, aux fulgurances et idées soudaines qui vous apparaissent, aux projets que l'on vous propose. Notez-les. Suivez-les si elles résonnent de manière juste en vous. Le train à grande vitesse ne voit pas l’arbre. Pensez à ralentir dans votre vie si vous souhaitez ne pas passer à côté des balises et des signes.

12. Pratiquez le Qi Gong alchimique ("Alchi-Gong" 😉) avec un enseignant compétent pour ouvrir notamment BaïHui au sommet de la tête et faire venir l’inspiration. La recherche de sa mission de vie met surtout en mouvement l’énergie du Feu et de l’Eau, du Cœur et des Reins.

Comme pour la marche, il est plus agréable de voyager léger. Pour cette raison, il est important pour être inspiré d’être attentif à son alimentation, d’alléger son Foie et d’équilibrer sa Rate. Comme pour la randonnée, on sera généralement plus frais et créatif le matin.

Cette courte liste n’est en rien exhaustive et bien d’autres méthodes existent sans doute. Elle n’a d’autre mérite que de donner envie au marcheur de l’existence de se (re)mettre en route, de reprendre confiance et d’avancer sans pression et sans attente.

Une fois le chemin trouvé ou approché, viendra la question de concilier le rêve et avec la réalité, l’idéal avec le matériel, le Ciel avec la Terre, la vocation avec l’argent et de faire en sorte de pouvoir vivre de ce qu'on a compris être son « mandat céleste ». Ce croisement du plan du Ciel avec le plan de l'Homme et de la Terre n'est pas toujours le plus simple et il s'appelle l'incarnation.

Si ce chemin cataphatique du "YOU" et de ce qui est manifesté devait ne pas convenir, vous avez également la possibilité d'opter pour le chemin apophatique du "WU" et de "ce qui n'est pas". Vous y retrouverez ainsi le "non-chemin de la Terre" et le "non-chemin du Ciel" que l'ont pourrait appeler les chemins de l'"oubli". Le "non-chemin de la Terre" ou du "petit oubli" consiste à se laisser délibérément porter par les événements qui nous entourent et de volontairement ne pas choisir, un peu à l'image d'un bouchon de liège qui se laisse flotter sur la vague de la vie. Cette existence récréative est l'option choisie par celui (ou celle) qui a décidé de se fondre dans le flux bohème de ce qui vient. Cette vie est celle des rentiers pour les mieux lotis, de la galère, de la marginalité ou du vagabondage pour la plupart des autres car il faut bien subvenir à ses besoins. Le "non-chemin du Ciel" ou du "grand oubli" de son côté est celui de la contemplation des moines et des ermites qui décident de leur vivant de quitter le plan terrestre pour rejoindre au plus tôt les plans subtils, la Grande Unité (TaïYi) et la vacuité (WuJi).

Au terme de cette longue énumération, le bon taoïste éprouvera sans doute le besoin de reprendre son souffle.

 

Après une pause, il relira cet article depuis le sans forme du Ciel et partira alors d'un grand éclat de rire... en l'oubliant dans l'instant.

Pour en savoir plus :

  • « Coaching taoïste des dirigeants du IIIè millénaire » (module 1 et 2 notamment). Laurent CHATEAU, éditions Management & Société, 2019