Le thème retenu par le hors-série numéro 7 de vulgarisation scientifique Epsiloon (juillet-septembre 2023) est celui de l’énergie. L’un des articles aborde notamment la question de l’énergie émise par le corps humain et dresse un état de l’art de la recherche à ce sujet.
On y apprend que les signaux électriques sont à la base même de la biologie, plus précisément de la formation et de la régénération des cellules. Selon le Dr Mike Levin de l’université de TUFTS aux États-Unis, il convient désormais d’envisager qu’un code bio-électrique, analogue au code génétique, contrôle les processus biologiques complexes. (…) Aujourd’hui, on s’ouvre à l’idée que la bio-électricité peut avoir un impact sur l’expression des gènes.
La spécialiste de la régénération des tissus du système nerveux à l’université d’Aberdeen en Écosse, Ann Rajnicek va plus loin et déclare que « L’humain est définitivement électrique ! ».
Dans le détail, les cellules disposeraient en effet de sortes d’interrupteurs spécifiques à chaque ion et à chaque fonction : nerveuse, musculaire, squelettique, cardiaque, endocriniennes, d'équilibre hydrominéral des organes…. Le corps humain serait construit comme un immense circuit électrique composé d’une batterie qui recharge la cellule et d’autre part des tas de circuits spécifiques et secondaires qui distribuent cette énergie pour accomplir des fonctions particulières. A titre d'exemple, des courants électriques commanderaient l’expression des gènes, notamment au moment du développement de l’embryon.
Enthousiastes, certains scientifiques envisagent de créer une nouvelle branche de la médecine sous l’appellation de médecine « électromique » ! Les premières expériences en la matière commencent à mettre en évidence une meilleure cicatrisation des plaies (internes ou externes) et une lutte plus efficace contre le cancer, en isolant les cellules cancéreuses, à l’aide de molécules capables de cibler plus spécifiquement leurs canaux « ioniques ». Il est envisagé à terme de pouvoir travailler sur la prévention et le traitement des malformations congénitales.
Ces nouvelles réjouissantes complètent ce que l’on savait déjà sur la radioactivité naturelle du corps humain qui contient environ 20 millions de neutrinos issus du big bang et qui en émet tous les jours plusieurs milliers.
En prenant un peu de recul sur ces découvertes, le pratiquant d’un art énergétique prend conscience que ce que la science appelle la médecine « électromique » s’appelle depuis au moins 2 000 ans la médecine taoïste, que les « canaux ioniques » sont généralement traduit par « méridiens » (Jing Luo) ou « merveilleux vaisseaux » (Ba Maï) et que l’électricité mise en mouvement à l’intérieur du corps n'est autre chose que le fameux « Qi ».
A titre d'illustration, la création d'un embryon est clairement documentée par la tradition, avec la formation première des "Merveilleux Vaisseaux" en charge de la croissance du nouvel être ; le Vaisseau Gouverneur pour la partie postérieure du corps, le Vaisseau Conception pour la partie antérieure, le Vaisseau Pénétrant pour transporter l'énergie dans le centre du corps et réguler le sang, le Vaisseau Yang du talon pour répartir l'énergie Yang entre la partie droite et gauche du corps, idem pour les Vaisseaux Yin du Talon pour répartir l'énergie Yin. Les Vaisseaux de liaison du Yang relient le corps aux énergies du Ciel, les Vaisseaux de liaison du Yin relient le corps à la Terre et le Vaisseau ceinture enfin relie l'ensemble des Vaisseaux entre eux. Par la suite , chaque méridien organique prend le relais à chacun des mois de croissance de l'embryon : le méridien du Foie lors du premier mois, puis le méridien de la Vésicule Biliaire au 2è mois puis le méridien du Péricarde au 3è mois jusqu'au méridien de la Vessie au 10è mois [1].
En sachant cela et à l’image de ce qui se pratique dans le domaine des neurosciences qui travaillent avec des méditants pour mieux comprendre le sommeil, le fonctionnement du cerveau ou les traitement psychiatriques de la transe, la recherche aurait intérêt à travailler avec les pratiquants avancés de Qi Gong, à les ceindre d’électrodes et d’appareils sophistiqués pour démontrer par des courbes et de savants calculs ce que les textes classiques évoquent depuis des siècles, notamment en matière d’autoguérison. Des expériences pourraient être menées en matière d'accumulation de l’énergie dans le corps (DanTian inférieur), d'élimination des énergies pathogènes (Pong Qi), de guidage ou d'émission de l’énergie vers les organes, de visualisation et de brillance cellulaire, de connexion énergétique avec les énergies terrestres ou cosmiques (les neutrinos du big bang…), etc. De son côté, la communauté des pratiquants et enseignants de Qi Gong aurait intérêt à pousser les portes des laboratoires pour rappeler leur existence et l'intérêt d'une telle coopération.
Ce travail de convergence de la science avec l’expérience empirique et multimillénaire des techniques énergétiques de santé devrait être collectivement stimulant car il porte l’une des raisons de croire en un avenir meilleur en apportant la preuve de l'excellence de notre espèce en ces périodes de doute et profonde remise en question.
A la toute fin, il sera peut-être prouvé que la spiritualité relève d'une science susceptible d'être mise en équations et que nous sommes universels. Si on y parvient, nous perdrons peut-être en retour ce jour-là notre libre-arbitre, la magie du doute et l'intérêt même de notre incarnation.
Articles cités : Hors-série Epsiloon #7 (Juillet-Sept. 2023)
[1] : Pour en savoir plus : "Traité de Qi Gong médical selon la médecine traditionnelle chinoise" - Tome 1, Jerry Alan Johnson (ed. Chariot d'Or)