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Qu'est-ce qu'un plan de conscience ?

Vaste sujet que celui de la conscience et des plans qui lui sont associés. Écueil de la pensée, cet article se propose de s'abstraire des mots et de plonger dans cette notion subtile par une méditation aquatique. Bon voyage.

· Développement perso

On pourrait discourir à l'infini sur ce qu'est la conscience et sur les plans qui lui sont associés. Combien de philosophes ou de sages se sont-ils livrés à cet âpre exercice, le plus souvent en vain quand on voit l'état général de nos sociétés humaines ? Parle-t-on par ailleurs de "petite conscience" ou de "Grande Conscience" ? De conscience végétale, animale, humaine ou divine ? Conscience de soi, des autres ou du monde ? Conscience immanente ou transcendante ? Inspirée ou apprise ? Locale ou globale ? Sensitive ou mentale ? Objective ou subjective (ma conscience est-elle la tienne) ? Individuelle ou collective ? Terrestre ou céleste ? Psychologique ou métaphysique ? Et quelle est la nature des plans de conscience auxquels il est souvent fait référence ? Qu'est-ce qu'un "plan" en matière de conscience ?

On le voit bien, à manipuler des objets polysémiques aussi évanescents que celui de la conscience, les pages se remplissent, l'esprit se brouille, la pensée se perd, le public s'éloigne, le conflit s'approche. Cet exemple l'illustre bellement : le monde des hommes est celui des mots. Le monde des mots perd celui des hommes. Tout concept subtil est intraduisible par l'alphabet et amène le doute, l’ambiguïté, la complexité et le conflit potentiel. Certains auteurs comme Oscar Wilde d'ailleurs s'en amusent et déclarent par jeu que l'on a conscience avant et qu'on prend conscience après. L'une des définitions de la conscience selon Wikipedia est la suivante : " Relation intériorisée immédiate ou médiate qu'un être est capable d’établir avec le monde où il vit et avec lui-même. En ce sens, elle est fréquemment reliée, entre autres, aux notions de connaissance, d'émotion, d'existence, d'intuition, de pensée, de psychisme, de phénomène, de subjectivité, de sensation et de réflexivité". Charge à chacun de travailler avec ça et d'imposer à l'autre le fruit et l'interprétation de sa propre réflexion.

Le recours à l'étymologie est parfois utile pour appréhender une notion. "Conscience" vient du latin "Cum Sciencia", que l'on pourrait traduire littéralement par "avec savoir". On sent bien qu'il y a un rapport à l'information mais sans être nécessairement plus avancé sur la nature de cette information, sur sa véracité, sa captation ou son éventuelle déformation.

Du côté de la Chine, le terme "Conscience", "Shen", est généralement traduit par "Esprit" ou "Intention de l'esprit" dans les textes classiques avec toute l’ambiguïté que recouvre cette appellation. Une ambiguïté chasse l'autre. Avantage de l'approche symbolique de l'écriture chinoise, on peut tenter de préciser le concept en décortiquant le sinogramme qui porte la notion. Ainsi, selon certaines sources, le terme "Shen" est l'association de 2 symboles qui portent les idées suivantes : 1) des influences qui viennent d'en haut (foudre, tourbillons...), 2) le Ciel et ce qui pend du Ciel (le lune, le soleil...), 3) l'extension et l'alternance (2 mains qui tirent une corde), 4) le labyrinthe. Jerry Alan Johnson de son côté* nous dit que l'idéogramme représente "l'influence céleste qui imprègne et enseigne au centre du Cœur" ou "ce qui descend du Ciel et traverse le corps".

 

Si la présence céleste est indiscutable, qu'on aborde la Conscience par une facette réflexive, symbolique ou étymologique, on constate que le sujet se confond avec son objet** et que le conscient de notre cerveau peine à cerner les contours de ce qui le dépasse.

"Conscient" de cette limite épistémologique, les prophètes et les grands vulgarisateurs ont fait appel aux images, aux symboles et à l'imaginaire des contes pour transmettre et enseigner le subtil, l'intangible : la Bible, la Bhagavad Gita, le Tchouang Tseu... en sont de brillants exemples. Sans y toucher, de grands textes classiques comme l'Iliade d'Homère, portent également pour qui sait le lire, leur part d'enseignement inspirant, imagé et hermétique. Depuis la nuit des temps, la connaissance véritable se transmet en racontant des histoires, non pour imposer mais pour suggérer, non pour croire mais pour aider à cheminer. Les griots africains, les conteurs de nos villages, les hommes-médecines des tribus racines nous rappellent que la lumière de la connaissance provient d'un état d'ouverture qui s'appelle l'enfance.

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Pour éviter le piège des définitions et pour intéresser l'enfant qui sommeille en chaque adulte, l’intention de cet article consiste précisément à s'affranchir des mots et des spéculations mentales pour mieux partager un voyage inspiré par une pratique méditative, survenu il y a plusieurs années. Cette histoire s'appelle : "La nage de la conscience" et devrait s'appréhender comme une méditation.

Recommandations importantes : Puissante, cette méditation n'est pas adaptée si vous êtes déjà peu ancré(e) et un peu perché(e). Elle n'est pas non plus un échappatoire à un monde anxiogène et brutal qu'il faudrait fuir à toute force. Pensez bien que le monde qui est le nôtre est le monde le plus adapté à notre évolution individuelle et d'espèce.

A l'issue de la méditation, n'oubliez pas de pratiquer quelques automassages pour bien revenir dans votre corps et si possible, à aller marcher dans la nature. Si besoin, allez retrouver l'eau et prenez une douche froide.

Bon voyage.

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Méditation : "La nage de la conscience" :

  1. Suivez-moi et retrouvez-moi dans l'océan. Dans cette première étape, prenez conscience que vous nagez, laissez le ressenti de l'eau autour de vous s'installer. Sentez le fluide tiède glisser sur votre peau, écoutez le doux bruit que fait l'eau, sentez la légèreté de votre corps et la perte d'une partie de votre gravité, sentez vous flotter et léger, sentez peut-être la salinité de l'eau dans votre bouche. Sentez-vous bien en cet instant.
  2. Puis lorsque vous le décidez, plongez en apnée. Prenez conscience que votre vision se brouille et devient floue. Sentez que vous changez de milieu et que vous êtes désormais intégralement immergé dans l'eau. Observez votre nouvel environnement. L'odorat n'est plus utile. L'ouie devient plus fine et indispensable pour capter les informations alentours. Sentez-vous bien.
  3. Puis plongez désormais davantage avec ou sans bouteilles, avec ou sans palme, ce n'est pas important. La pression sur votre corps est peut-être plus forte mais vous ne la ressentez pas. La luminosité diminue et il n'est pas simple de se repérer, de distinguer le haut du bas, la gauche de la droite. Vous êtes dans le grand bleu. La vision ne sert plus à grand chose. L'audition devient primordiale. Dans cet environnement de bleu plus ou moins foncé, la conscience de soi diminue. Pourtant sans repères et en apesanteur, vous vous sentez étonnamment bien.
  4. Puis de manière toute naturelle, vous devenez un poisson. Cet élément aquatique est le vôtre et vous vous y sentez bien. De nouveaux sens se développent, votre audition est parfaite, votre mobilité totale. Le plaisir de glisser dans l'eau et de la vitesse est sans limite. Vous ressentez les millions d'années qui ont profilé votre silhouette, affiné votre camouflage et conçu votre système respiratoire. Vous ressentez une joie absolue et une jouissance totale d'être libre et de pouvoir évoluer dans l'immensité sans limite de l'océan.
  5. A circuler librement dans l'océan et sans vous en rendre compte, vous devenez alors doucement vous-même l'Océan, avec ses vagues et sa profondeur, sa puissance, son calme, son autorité, sa sérénité, son immensité. Sentez la résonance et la puissance de l'Océan en vous. Je suis l'Océan.
  6. Vous ressentez alors progressivement tout ce qui vit en Lui, dans l'Océan, les poissons bien-sûr mais également les coquillages, les méduses, les poulpes, les algues, les micro-organismes, les rochers, les couleurs, les courants, les nuages...  Vous ressentez en vous toute la créativité de la Vie, qui aime et qui transforme. Sans vous en rendre compte vous commencez à penser comme la Vie, vous êtes la Vie elle-même, puissante, imaginative, sûre d'elle-même, omniprésente, omnipotente, imprévisible, TOUTE la Vie. Sentez la puissance de la vibration de la Vie en vous. Je suis la Vie.
  7. De manière souple et naturelle, cette sensation puissante poursuit son expansion dans toutes les directions, dans l'univers et au-delà. La Vie elle-même s'inscrit dans quelque chose de plus vaste qui pourrait s'appeler la conscience de la Vie, la Vie qui prend conscience d'elle-même et qui déclare : Je suis. Ressentez doucement la vibration de la conscience globale.
  8. Plus avant encore et au rythme qui vous convient, une idée se fait jour qui est celle de ce que la conscience n'est pas, de ce qui n'est pas et qui déclare, sans aucune intention mentale : Je "non suis". Ressentez l'effet et la fréquence de l'a-conscience.
  9. Progressivement, dans la fusion totale du "Je suis" et du "Je non suis", sentez que la création apparaît, sentez que vous êtes capables de créer tout ce que vous souhaitez, que vous pouvez créer ce que vous êtes, affranchi de toutes les contraintes et conscient de votre infinitude. Vous prenez également conscience de votre responsabilité et de l'instantanéité de ce que vous créez. Vous créez à votre image. Vous créez ce que vous êtes et vous êtes infini, total.
  10. Dans la dernière étape, plus rien n'existe et seul le vide vous environne, sans même en avoir conscience ou appeler l'intention. Le Vide EST. Aucune pensée ne vous traverse et vous avez rejoint le "sans-forme", l'Unité et même l'en-decà du Un. 
  11. Après un temps qui vous appartient, la petite conscience revient doucement, la conscience de votre corps, d'un mouvement, d'une sensation, de l'eau qui glisse autour de vous. Puis soudain, vous comprenez : vous êtes en train de nager dans l'océan.

Lisez attentivement chacune des 11 étapes circulaires de cette histoire-méditation. Imprégnez-vous du mieux que vous le pouvez de la sensation inspirée par la lecture du texte puis laissez venir le ressenti. N'allez pas trop vite, avancez au rythme de vos sensations. Ressentez la conscience, l'expérience et la vibration associées au plan que vous lisez, avant de passer au plan suivant.

Si cela peut vous aider, regardez les cercles concentriques du vortex ci-dessous.

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Ayez cette sensation de pénétrer toujours davantage dans la subtilité de la conscience et de l'univers. Tentez de ressentir cette impression d'expansion fractale au plus profond de vos cellules. La vibration et le rythme bioélectrique de vos cellules vous dira si vous y êtes ou pas.

Et les mots me direz-vous ? Si vous y pensez encore, c'est que mon article a fait...

Plouf !

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* "Traité de Qi Gong Médical" - Tome 2. Chariot d'Or

** C'est parce que le sujet se confond avec l'objet que de nombreuses traditions proposent de "retourner le regard vers sa conscience". Douglas Harding et sa "vision sans tête" est sans doute celui qui a poussé le plus loin cette pratique à partir d'exercices spirituels inédits et souvent ludiques. José Leroy en France en est l'original prolongateur.

 

A noter : Par expérience, l'étape 3 peut être permutée avec l'étape 4 (Grand bleu vs poisson).