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Qi Gong et pouvoirs parapsychiques : les lésions dangereuses

Le transhumanisme et la post-humanité en attestent, il est dans la nature ontologique de l’être humain de toujours chercher à s’augmenter et à renforcer sa puissance. En lien avec le « travail de l’énergie » (Qi Gong), cet article vous amène sur les terres convoitées des capacités parapsychiques. Cette réalité de la voie du Qi mérite qu’on s’y attarde, pour exposer clairement de quoi on parle, préciser les conditions justes de la pratique et de son enseignement ainsi que les mises en garde importantes à porter à la connaissance du candidat au voyage de l'esprit.

· Qi Gong

Après quelques années de pratique assidue, les capteurs sensoriels du pratiquant de Qi Gong se développent. Récompense du travail réalisé et de la qualité de l'enseignement, la conscience s’ouvre et certaines capacités psycho-énergétiques peuvent se renforcer ou apparaître : ouverture d’esprit, concentration, volonté, créativité, intuition, ressenti énergétique de l’autre… La question des capacités parapsychiques non-ordinaires peut alors alors se poser au pratiquant. Certaines écoles (Falun Gong, Zhi Neng…) font explicitement référence à ce travail de l’esprit (LingShen Gong) et parlent même de changement de destinée.

 

Cette réalité pédagogique et cette manifestation de la voie de l'énergie, nécessitent que l'on expose clairement de quoi l’on parle, que l'on précise les conditions justes de la pratique et de son enseignement ainsi que des mises en garde éventuelles à porter à la connaissance du candidat au voyage paranormal.

Pouvoirs parapsychiques : de quoi parle-t-on ?

Le transhumanisme et la post-humanité en apportent aujourd’hui la preuve, l’humain à toujours cherché à s’augmenter. Dans le phylum des arts martiaux ou énergétiques et à la gloire des écoles qui s’en faisaient l’écho, la tradition n’est pas avare en histoires extraordinaires sur les capacités surhumaines de certains Maîtres. Largement relayées par les disciples, quantités de légendes courent sur ces Maîtres d'exception, capables de se trouver simultanément en deux endroits différents (ubiquité), de ne pouvoir être déplacés malgré la force exercée simultanément par plusieurs élèves, de projeter à plusieurs mètres un éventuel agresseur sans le toucher. De nombreuses vidéos cherchent à en attester sur internet. L’historiographie fait également état de maîtres accomplis jouant à rendre leur corps transparent par la seule volonté de l’esprit ou choisissant le jour et l’heure précise de leur mort terrestre (Sun Lu Tang…).

De manière plus académique, Jerry Alan Johnson a plus précisément recensé huit pouvoirs surnaturels dans la tradition des arts énergétiques ou martiaux :

  1. La faculté de s’alléger, de léviter et de projeter son âme (vers d’autres lieux, d’autres époques…),
  2. La faculté de s’alourdir,
  3. La faculté de se rétrécir énergétiquement à la taille d’une particule énergétique,
  4. La faculté de s’étendre énergétiquement à l’infini (ubiquité et décorporation, atemporalité, prémonition…),
  5. La faculté de créer de la matière par le pouvoir de la pensée et de contrôler la nature (guérison, pluie…),
  6. La faculté de réaliser, d’éprouver et de jouir de ses propres désirs (clairvoyance, clairaudience…),
  7. Pouvoir d’endosser n’importe quelle forme énergétique à volonté, de faire n’importe quelle chose à portée de main,
  8. Pouvoir de contrôler à la fois les animaux et les objets inanimés (télékinésie).

Certaines traditions énergétiques parlent de leur côté de 4 grandes familles d’aptitudes parapsychiques qu’elles appellent des « capacités de conscience » :

  1. Créer par la Conscience en envoyant Information et Qi (télékinésie, action sur la météo, soins énergétiques etc.),
  2. Comprendre le monde en recevant Information et Qi (intuitions…),
  3. Augmenter ses facultés de penser et aptitudes cérébrales (concentration, temps d’étude, capacité de calcul ou d’abstraction, action sur son environnement…) et
  4. Augmenter ses facultés physiques (Résistance aux coups, aux microbes, puissance musculaire et efficacité martiale…).

Plus proches de nous et de manière plus modeste, le pratiquant optimiste ayant ouvert son Coeur et élevé sa fréquence vibratoire, peut constater l’apparition de petits miracles dans sa vie quotidienne : trouver facilement une place de parking ou une chambre d’hôtel lorsque ceux-ci se déclarent complets, retrouver ses clés ou son portefeuille égarés, recevoir des informations claires aux questions qu'il se pose, obtenir des ressentis précis sur les personnes qu'il rencontre, les lieux ou les situations qu'il traverse... Ces aptitudes permettent des améliorations de vie qui sont de nature à susciter des vocations mais également de l’impatience, de la convoitise ou de l’avidité ainsi que de la prise de risque.

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Le cerveau comme porte d'accès aux pouvoirs surnaturels

Cette quête quasi ontologique de l’augmentation de soi réside dans le cerveau. Parfaitement documentée dans la tradition, les textes parlent des 9 palais ou des 9 chambres qui s’y trouvent. Il est fait référence à certaines portes comme Yin Tang (3è œil) parfois appelé « la vision du Ciel (TianMu), BaïHui au sommet du crâne mais également YuZhen ou Hao Hu (résidence du cerveau) au niveau de l’occiput.

La connexion s’établit avec les luminaires les plus éloignés de notre voûte céleste (la Grande Ourse ou l’étoile Polaire), l’énergie plus large du cosmos et de l’univers, la Suprême Unité (Taï Yi) ou le concept d’ « entièreté ».

Les risques associés à une pratique prématurée ou dénaturée

Si la voie est décrite, la pratique de l’augmentation de soi n’est pas sans risque. Conformément aux lois Yin/Yang du vivant, la littérature (Comics, Robert E. Howard...) et le cinéma (les films de super-héros, les livres de Don Brown…), nous mettent en garde et donnent de multiples exemples des inconvénients de l’impatience ou de l’avidité, avec des "méchants" qui perdent toujours à la fin.

Le risque principal associé à une recherche prématurée de « super-pouvoirs » repose sur le risque que l’amour du pouvoir l’emporte sur le pouvoir de l’amour. Autrement dit, que l’égo de séparation et de domination (nos insécurités, nos peurs, nos doutes, nos colères, nos amertumes et regrets intérieurs, la part d’ombre et de malveillance qui sommeille en chacun de nous) ne veuille profiter de ces nouvelles capacités pour renforcer l’emprise et asservir encore davantage, soi, ceux qui nous entourent et le monde, au nom de soi-disant valeurs de justice (la revanche), de liberté ou de paix (imposer sa vision du monde). Cette approche est objectivement stagnante et vaine sur le plan spirituel.

En outre, à pratiquer sans garde-fous ou précaution l’ « art de la conscience », d’autres inconvénients comme des céphalées, un désancrage, un flottement existentiel peuvent apparaître.

Dans son expression la plus déséquilibrée, le travail inadapté et prématuré de l’esprit spirituel (LingShen) est susceptible de provoquer des troubles psychiques graves. On rapporte l’histoire de ces maîtres chinois dans les années 60 dont l’enseignement donnaient aux pratiquants de sauter dans le vide ou de se frapper la tête contre les troncs d’arbre [1].

Ces quelques mises en garde devraient ralentir l’ardeur de certains enseignants et pratiquants à vouloir atteindre l'apex avant de passer par la vallée. A tout le moins, elles devraient susciter un questionnement minimum avant d’entamer l’ascension.

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Des capacités qui supposent des préalables

Un questionnement intérieur : Tout candidat (enseignant ou pratiquant) à l’augmentation de soi et au voyage de l’esprit devrait en effet s’interroger dans un premier temps et tenter de répondre à la question du : POURQUOI ? Pourquoi rechercher une faculté nouvelle ? Quelle est l’intention cachée ou avouée, consciente ou moins consciente ? A quoi bon rechercher des aptitudes nouvelles si le pratiquant a encore du mal à accumuler l’énergie dans son abdomen, du mal à focaliser durablement sa pensée, des difficultés à ressentir l’énergie et à se mettre en connexion avec lui-même ou les autres, à calmer et ouvrir son Cœur ? Pourquoi penser à la 9è marche avant d’avoir franchi les 8 premières, à planter le drapeau au sommet de la montagne avant d’avoir savouré les charmes des pâturages et des estives ? A quoi bon disposer de sièges chauffants ou de lève-vitres électriques si on ne sait pas encore conduire ?

Présente à toute époque, cette recherche compulsive d’un nouveau plein n’est-elle pas au contraire le reflet d’un vide ou d’un manque, l’expression d’une fragilité et d’un besoin de compensation, la recherche effrénée d’un super-pouvoir pour tenter de compenser une infra-capacité ? Pourquoi vouloir acquérir une capacité surhumaine et céleste alors que la plupart des hommes ont déjà tant de difficulté à connaître et à mettre en œuvre les dons naturels et terrestres de leur simple humanité (apprendre à aimer...) ?

 

On le comprend, lorsque le candidat pratiquant se sent prêt pour le voyage de l’esprit, il est important qu’il se pose la question suivante : « au service de quoi ou de qui, mes nouveaux pouvoirs pourraient-ils être mis au service ? De moi, des autres ou du monde ? Sous quelle forme ? Avec quelle humilité ? Une introspection profonde et sincère est indispensable ici pour voir clair dans ses motivations les plus intimes et avancer sur la voie juste.

 

Une pratique assidue de la voie du Qi : Au-delà de ce questionnement salvateur, il est important avant de s’aventurer sur le chemin de la conscience d’avoir déjà avancé sur la connaissance de la vie et la voie de l’énergie : ressentir et savoir accumuler l’énergie dans son abdomen, savoir faire circuler l’énergie dans son corps, être capable de focaliser sans force ses pensées le temps d'une méditation, savoir respirer et installer le calme à l’intérieur de soi, savoir et avoir envie d’aimer, connaître sa nature fondamentale et ce pour quoi on est fait, etc. A l’image du fruit qui apparaît après la fleur et la feuille, les pouvoirs parapsychiques ne devraient être recherchés qu’APRES avoir maîtrisé ses pouvoirs psycho-corporels. Dans la construction de l’escalier de notre évolution, on ne peut positionner les marches du haut qu’après avoir fabriqué et scellé les marches du bas. De manière homothétique, il convient de travailler les aptitudes de la Terre et de l’Homme avant de s’attacher à développer ses aptitudes célestes. Le travail de la conscience (éclairage, élargissement, élévation) précède celui de la surconscience. La voie de la connaissance (accumuler, purifier et faire circuler le Qi, connaissance de soi et des règles du vivant...) précède la voie du calme et du Cœur. La voie du calme et du Cœur précède celle de la Création subtile. Si on devait parler comme un taoïste, le maître dirait au disciple : « Vide ton cœur pour installer le calme. Installe le calme pour permettre l’expression de la joie et de l’amour. Connais les lois de la Terre et du Ciel. Forge ta volonté et ta capacité de concentration. Alors tu connaîtras l’infini de la Création. Si tu souhaites créer avant de maîtriser l’un et l’autre, alors tu ne donneras naissance qu’à tes propres limitations, à tes propres peurs et à ta propre souffrance ». Parce qu’il a le sens de la synthèse et de la formule, il conclurait par une phrase provocatrice du type : « Souffrir est l’acte d’un ignorant ».

 

Une transmission personnalisée : Comme le travail du rêve évoqué dans une autre chronique, le travail du cerveau et du 3è centre énergétique (Shang DanTian) exigent une attention vigilante et personnalisée. Les Maîtres véritables de la tradition ne se pressaient pas pour relayer cette connaissance subtile et adaptaient leur enseignement à l’élève, après s’être assuré que toutes les autres étapes alchimiques étaient bien maîtrisées.

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Les pouvoirs parapsychiques ne devraient être qu'une conséquence

Dans la réalité de la voie juste et lorsqu’ils ne sont pas innés, l’apparition des attributs parapsychiques de l’homme ne devraient être qu’une conséquence et non un objectif énergétique de sa pratique ou une intention volitive (je voudrais être capable de déplacer les objets à distance…). Ils devraient être la manifestation d’un phénomène qu’on observe et qu'on découvre sur le chemin, davantage que le fruit d’une capacité dont j’ignore encore à quoi elle va bien me servir (à quoi bon déplacer les objets à distance ?).

Ce n’est logiquement qu’au terme d’un long cheminement que ses capacités intuitives et extrahumaines s’épanouissent et s’ouvrent sans les avoir nécessairement cherchées à l’image des pétales d’une fleur (on sent des odeurs qu’on ne ressentait pas auparavant, on pressent le risque avant les autres, on a davantage de chance…). C’est parce que la fleur est ouverte que l’abeille peut la polliniser. "Parce que l'on ne pousse pas une rivière" comme l'énonce un proverbe chinois, si le Qi n'aime pas la force, les pouvoirs parapsychiques non plus.

Pour conclure...

Attendre avant d’enseigner, pratiquer le Corps et le Cœur avant la tête, adapter l’enseignement au pratiquant, pratiquer l’introspection intérieure, observer et ressentir plutôt que vouloir et rechercher, ces quelques règles de bon sens et de prudence ne sont pas toujours mise en œuvre sur le chemin du Ciel qui contient aussi ses trous et ses chausse-trappes. Certaines écoles imprudentes pourtant, évoquent ex abrupto ces aptitudes, font pratiquer des techniques avancées à des néophytes, en leur promettant de « changer leur destinée ».

Cet article cherche à leur rappeler qu’on ne peut vouloir le fruit sans passer par la graine. Patience et prudence sont les mots-clés de cette recherche légitime des surcapacités de la conscience de notre espèce. A rechercher trop tôt ces attributs de puissance, on prend le risque de mordre un fruit amer, de se faire rattraper par ses ombres et de finalement retarder son évolution spirituelle.

A vouloir brûler les étapes, un super-pouvoir peut aboutir à une super chute.

[1] David Palmer : La fièvre du Qi Gong.